Des gouttes noires, grises, blanches d’encre comme des millions de larmes, qui tombent, et se transforment petit à petit en corps nus, en paysages, en végétaux pour nous parler, nous donner des mots, nous conduire vers une émotion oubliée. Avançons vers ce parterre de tirages aux encres pigmentées de Michel JAGET qui n’est là. Plus là mais sans aucun doute bien présent pour de derrière chaque tirage, jouer de mouvements de ses mains pour nous guider à voir, à ressentir.

Les images de son œuvre reviennent à la vie, surgissent alors pour nous remplir d’un fil de frissons joyeux.

Mais alors qui sommes-nous, au milieu de toutes ces formes, ces visages, ces reflets ? Qui sommes-nous devant ces présences qui apparaissent, disparaissent à l’envie de nos regards et qui toutes à leur façon nous provoquent dans nos perceptions.

Je suis là près d’une vaste étendue colorée en noir et blanc, je m’avance et je connais le miracle  de ce regard qui nous transporte au loin et qui nous ouvre les portes d’une liberté sans frein pour une chute délicieuse, d’un oubli de tout ce qui n’est pas l’instant.

Oubli de tout !!! Oui mais qui me révèle aussi un autre sommeil, celui de l’absence.  Michel n’est plus là mais je viens de recevoir sa boule de neige de rires.

Pigmenterre, c’est : Michel Jaget, photographe contemporain